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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

CHAPITRE VII.

Goethe.


Ce qui manquoit à Klopstock, c’étoit une imagination créatrice : il mettoit de grandes pensées et de nobles sentiments en beaux vers ; mais il n’étoit pas ce qu’on peut appeler artiste. Ses inventions sont foibles, et les couleurs dont il les revêt n’ont presque jamais cette plénitude de force qu’on aime à rencontrer dans la poésie et dans tous les arts qui devoient donner à la fiction l’énergie et l’originalité de la nature. Klopstock s’égare dans l’idéal : Goethe ne perd jamais terre, tout en atteignant aux conceptions les plus sublimes. Il y a dans son esprit une vigueur que la sensibilité n’a point affoiblie. Goethe pourroit représenter la littérature allemande toute entière, non qu’il n’y ait d’autres écrivains supérieurs à lui, sous quelques rapports ; mais seul il réunit tout