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DES POÈMES ALLEMANDS

que mot y est mis à la même place, et l’impression de l’ensemble est très-grande, quoiqu’on ne puisse trouver dans l’allemand tout le charme que doit avoir le grec, la plus belle langue du midi. Les littérateurs allemands, qui saisissent avec avidité chaque nouveau genre, s’essayèrent à composer des poèmes avec la couleur homérique ; et l’Odyssée, renfermant beaucoup de détails de la vie privée, parut plus facile à imiter que l’Iliade.

Le premier essai dans ce genre fut une idylle en trois chants, de Voss lui-même, intitulée Louise ; elle est écrite en hexamètres, que tout le monde s’accorde à trouver admirables ; mais la pompe même du vers hexamètre paroît souvent peu d’accord avec l’extrême naïveté du sujet. Sans les émotions pures et religieuses qui animent tout le poème, on ne s’intéresseroit guère au très-paisible mariage de la fille du vénérable pasteur de Grünau. Homère, fidèle à réunir les épithètes avec les noms, dit toujours, en parlant de Minerve, la fille de Jupiter aux yeux bleus ; de même aussi Voss répète sans cesse le vénérable pasteur de Grünau (der ehrwürdige Pfarrer von Grünau). Mais la simplicité d’Homère ne produit un si grand effet que parce qu’elle est no-