Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/37

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lisées plus tard, et seulement par le christianisme ; elles ont passé immédiatement d’une sorte de barbarie à la société chrétienne : les temps de la chevalerie, l’esprit du moyen âge sont leurs souvenirs les plus vifs ; et quoique les savants de ces pays aient étudié les auteurs grecs et latins plus même que ne l’ont fait les nations latines, le génie naturel aux écrivains allemands est d’une couleur ancienne plutôt qu’antique. Leur imagination se plaît dans les vieilles tours, dans les créneaux, au milieu des guerriers, des sorcières et des revenants ; et les mystères d’une nature rêveuse et solitaire forment le principal charme de leurs poésies.

L’analogie qui existe entre les nations teutoniques ne sauroit être méconnue. La dignité sociale que les Anglais doivent à leur constitution leur assure, il est vrai, parmi ces nations, une supériorité décidée ; néanmoins les mêmes traits de caractère se retrouvent constamment parmi les divers peuples d’origine germanique. L’indépendance et la loyauté signalèrent de tout temps ces peuples ; ils ont été toujours bons et fidèles, et c’est à cause de cela même peut - être que leurs écrits portent une empreinte de mélancolie ; car