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WALSTEIN, ET MARIE STUART.

damnée ; mais ce n’est certes pas comme manquant d’effet qu’on pourroit la blâmer : le pathétique qui se fonde sur la religion nationale touche de si près le cœur, que rien ne sauroit émouvoir davantage. Le pays le plus catholique, l’Espagne, et son poëte le plus religieux, Caldéron, qui étoit lui-même entré dans l’état ecclésiastique, ont admis sur le théâtre les sujets et les cérémonies du christianisme.

Il me semble que, sans manquer au respect qu’on doit à la religion chrétienne, on pourroit se permettre de la faire entrer dans la poésie et les beaux-arts, dans tout ce qui élève l’âme et embellit la vie. L’en exclure., c’est imiter ces enfants qui croient ne pouvoir rien faire que de grave et de triste dans la maison de leur père. Il y a de la religion dans tout ce qui nous cause une émotion désintéressée ; la poésie, l’amour, la nature et la Divinité se réunissent dans notre cœur, quelques efforts qu’on fasse pour les séparer ; et si l’on interdit au génie de faire résonner toutes ces cordes à la fois, l’harmonie complète de l’âme ne se fera jamais sentir.

Cette reine Marie, que la France a vue si brillante, et l’Angleterre si malheureuse, a été l’objet de mille poésies diverses qui célèbrent