Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 2, 1814.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
101
JEANNE D’ARC

vrir pour te recevoir, nos genoux à se plier humblement devant toi. Notre épée est sans pointe contre ton cœur ; ton aspect nous intimide, et sous un casque ennemi nous respectons encore dans tes traits la ressemblance avec nos rois. »

Le duc de Bourgogne repousse les prières de Jeanne d’Arc, dont il craint la séduction surnaturelle.

« Ce n’est point, lui dit-elle, ce n’est point la nécessité qui me courbe à tes pieds ; je n’y viens point comme une suppliante. Regarde autour de toi. Le camp des Anglais est en cendre, et vos morts couvrent le champ de bataille ; tu entends de toutes parts les trompettes guerrières des Français : Dieu a décidé, la victoire est à nous. Nous voulons partager avec notre ami les lauriers que nous avons conquis. Oh ! viens avec nous, noble transfuge ; viens, c’est avec nous que tu trouveras la justice et la victoire : moi, l’envoyée de Dieu, je tends vers toi ma main de sœur. Je veux en te sauvant t’attirer de notre côté. Le ciel est pour la France. Des anges que tu ne vois pas combattent pour notre roi. Ils sont « tous parés de lis. L’étendard de notre noble