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FAUST

dans ce monde ; et peut-être cette révélation seroit-elle dangereuse, si les circonstances amenées par les perfides intentions de Méphistophélès n’inspiroient pas de l’horreur pour son arrogant langage, et ne faisoient pas connoître la scélératesse qu’il renferme.

Faust rassemble dans son caractère toutes les foiblesses de l’humanité : désir de savoir et fatigue du travail ; besoin du succès, satiété du plaisir. C’est un parfait modèle de l’être changeant et mobile dont les sentiments sont plus éphémères encore que la courte vie dont il se plaint. Faust a plus d’ambition que de force ; et cette agitation intérieure le révolte contre la nature, et le fait recourir à tous les sortilèges pour échapper aux conditions dures, mais nécessaires, imposées à l’homme mortel. On le voit, dans la première scène, au milieu de ses livres et d’un nombre infini d’instruments de physique et de fioles de chimie. Son père s’occupoit aussi des sciences, et lui en a transmis le goût et l’habitude. Une seule lampe éclaire cette retraite sombre, et Faust étudie sans relâche la nature, et surtout la magie, dont il possède déjà quelques secrets.

Il veut faire apparaître un des génies créateurs