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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

primer. La dignité de la tragédie ne sauroit permettre d’enfoncer si avant les traits de la nature dans le cœur.

Méphistophélès oblige Faust à quitter la ville, et le désespoir que lui fait éprouver le sort de Marguerite intéresse à lui de nouveau.

« Hélas ! s’écrie Faust, elle eût été si facilement heureuse, une simple cabane dans une vallée des Alpes, quelques occupations domestiques, auroient suffi pour satisfaire ses désirs bornés, et remplir sa douce vie ; mais moi l’ennemi de Dieu, je n’ai pas eu de repos que je n’aie brisé son cœur, que je n’aie fait tomber en ruines sa pauvre destinée. Ainsi donc la paix doit lui être ravie pour toujours. Il faut qu’elle soit la victime de l’enfer. Hé bien ! démon, abrège mon angoisse, fais arriver ce qui doit arriver. Que le sort de cette infortunée s’accomplisse, et précipite-moi du moins avec elle dans l’abîme. »

L’amertume et le sang-froid de la réponse de Méphistophélès sont vraiment diaboliques.

« Comme tu t’enflammes, lui dit-il, comme tu bouillonnes ! Je ne sais comment te consoler, et sur mon honneur je me donnerois au diable,