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LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

MARGUERITE.

Si seulement nous avions déjà passé la montagne…… L’air est si froid près de la fontaine. Là, ma mère est assise sur un rocher, et sa vieille tête est branlante. Elle ne m’appelle pas ; elle ne me fait pas signe de venir : seulement ses yeux sont appesantis ; elle ne s’éveillera plus. Autrefois nous nous réjouissions quand elle dormoit…… Ah ! quel souvenir !

FAUST.

Puisque tu n’écoutes pas mes prières, je veux t’entraîner malgré toi.

MARGUERITE.

Laisse-moi. Non, je ne souffrirai point la violence ; ne me saisis pas ainsi avec ta force meurtrière. Ah ! je n’ai que trop fait ce que tu as voulu.

FAUST.

Le jour paroît, chère amie ! chère amie !

MARGUERITE.

Oui, bientôt il fera jour ; mon dernier jour pénètre dans ce cachot ; il vient pour célébrer mes noces éternelles : ne dis à personne que tu as vu Marguerite cette nuit. Malheur à ma couronne, elle est flétrie : nous nous reverrons, mais non pas dans les fêtes. La foule va se