Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 2, 1814.djvu/372

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
354
DE LA LITTÉRARURE ET LES ARTS

théorie comme dans la pratique, gravent les préceptes dans le souvenir.

La quintessence de pensées que présentent certains ouvrages allemands ne concentre pas comme celle des fleurs les parfums les plus odoriférants ; on diroil au contraire qu’elle n’est qu’un reste froid d’émotions pleines de vie. On pourroit extraire cependant de ces ouvrages une foule d’observations d’un grand intérêt ; mais elles se confondent les unes dans les autres. L’auteur, à force de pousser son esprit en avant, conduit ses lecteurs à ce point où les idées sont trop fines pour qu’on dût essayer de les transmettre.

Les écrits de A. W. Schlegel sont moins abstraits que ceux de Schiller ; comme il possède en littérature des connoissances rares, même dans sa patrie, il est ramené sans cesse à l’application par le plaisir qu’il trouve à comparer les diverses langues et les différentes poésies entre elles ; un point de vue aussi universel devroit presque être considéré comme infaillible si la partialité ne l’altéroit pas quelquefois ; mais cette partialité n’est point arbitraire, et j’en indiquerai la marche et le but ; cependant, comme il y a des sujets dans lesquels elle ne se fait point sentir, c’est d’abord de ceux-là que je parlerai.