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DE LA LITTÉRARURE ET LES ARTS

dance a fait perdre la verve audacieuse qui animoit les écrivains et les artistes à la renaissance des lettres. Dans les tableaux et les bas-relieis où Louis XIV est peint, tantôt en Jupiter, tantôt en Hercule, il est représenté nu, ou revêtu seulement d’une peau de lion, mais avec sa grande perruque sur la tête. Les écrivains de la nouvelle école prétendent que l’on pourrait appliquer cette grande perruque à la physionomie des beaux-arts dans le dix-septième siècle : il s’y meloit toujours une politesse affectée dont une grandeur factice étoit la cause.

Il est intéressant d’examiner cette manière de voir, malgré les objections sans nombre qu’on peut y opposer ; ce qui est certain au moins, c’est que les aristarques allemands sont parvenus à leur but, puisqu’ils sont de tous les écrivains, depuis Lessing, ceux qui ont le plus efficacement contribué à rendre l’imitation de la littérature française tout-à-fait hors de mode en Allemagne ; mais de peur du goût français, ils n’ont pas assez perfectionné le goût allemand, et souvent ils ont rejeté des observations pleines de justesse, seulement parce que nos écrivains les avoient faites.

On ne sait pas faire un livre en Allemagne,