Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/127

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pourrait se faire un appui de cette opinion contre le parlement, tandis qu’elle étoit autant contre lui que le parlement même. Il proposa au roi de convoquer l’assemblée des notables, chose dont il n’y avoit pas eu d’exemple depuis Henri IV, depuis un roi qui pouvoit tout risquer en fait d’autorité, puisqu’il étoit certain de tout regagner par l’amour.

Ces assemblées de notables n’avoient d’autre pouvoir que de dire au roi leur avis sur les questions que les ministres jugeoient à propos de leur adresser. Rien n’est plus mal combiné, dans un temps où les esprits sont agités, que ces réunions d’hommes dont les fonctions se bornent à parler ; on excite ainsi d’autant plus l’opinion qu’on ne lui donne point d’issue. Les états généraux, convoqués pour la dernière fois, en avoient seuls le droit légal de consentir les impôts mais comme on en avoit sans cesse établi de nouveaux depuis cent soixante-quinze ans, sans rappeler ce droit, il n’y avoit point d’habitude contractée chez les François cet égard, et l’on entendoit beaucoup plus parler à Paris de la constitution angloise que celle de France. Les principes politiques développés dans les livres des publicistes anglois, étoient bien mieux connus des François mêmes que