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CONSIDÉRATIONS

voir nier que les états généraux n’eussent, à cet égard, un titre supérieur au leur. Le parlement de Paris trouva mauvais que Charles IX se fut fait déclarer majeur à Rouen, et que Henri IV eût consulté les notables. Ce parlement, étant le seul dans lequel siégeassent les pairs de France, pouvoit seul, à ce titre, réclamer un droit politique, et cependant tous les parlements du royaume y prétendaient. C’étoit une étrange idée, pour un corps de juges parvenus à leurs emplois, ou par la nomination du roi, ou par la vénalité des charges, de se prétendre les représentants de la nation. Néanmoins, quelque bizarre que fût cette prétention, elle servoit encore quelquefois de bornes au despotisme.

Le parlement de Paris, il est vrai, avoit constamment persécuté les protestants ; il avoit institué, chose horrible, une procession annuelle en action de grâces pour la Saint-Barthélemi : mais il étoit en cela l’instrument d’un parti ; et quand le fanatisme fut apaisé, ce même parlement, composé d’hommes intègres et courageux, a souvent résisté aux empiétements du trône et des ministres. Mais que signifioit cette opposition, puisqu’en définitive le lit de justice, tenu par le roi, imposoit nécessai-