Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/194

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avoit écouté leurs réclamations. Sans doute, il restoit encore de grands sujets de discorde entre la nation et les privilégiés ; mais le roi étoit placé de manière à pouvoir être leur arbitre, en se réduisant de lui-même à une monarchie limitée ; si toutefois c’est se réduire que de s’imposer des barrières qui vous mettent à l’abri de vos propres erreurs, et surtout de celles de vos ministres. Une monarchie sagement limitée n’est que l’image d’un honnête homme, dans l’âme duquel la conscience préside toujours à l’action.

Le résultat du conseil du 27 décembre fut adopté par les ministres du roi les plus éclairés, tels que MM. de Saint-Priest, de Montmorin et de la Luzerne ; et la reine elle-même voulut assister à la délibération qui eut lieu sur le doublement du tiers. C’étoit la première fois qu’elle paraissoit au conseil ; et l’approbation qu’elle donna spontanément à la mesure proposée par M. Necker, pourroit être considérée comme une sanction de plus ; mais M. Necker, en remplissant son devoir, dut en prendre la responsabilité sur lui-même. La nation entière, à l’exception peut-être de quelques milliers d’individus, partageoit alors son opinion ; depuis il n’y a que les amis de la justice et de