Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/228

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pour maintenir votre autorité dans l’opinion ; car si le fatal secret de l’insubordination des troupes étoit connu, comment seroit-il possible de contenir les esprits factieux ? Ce dont il s’agit maintenant, sire, c’est d’accéder aux vœux raisonnables de la France : daignez vous résigner à la constitution anglaise ; vous n’éprouverez personnellement aucune contrainte par le règne des lois ; car jamais elles ne vous imposeront autant de barrières que vos propres scrupules ; et, en allant au-devant des désirs de votre nation, vous accorderez encore aujourd’hui ce que peut-être elle exigera demain. »

À la suite de ces observations, M. Necker remit le projet d’une déclaration qui devoit être donnée par le roi un mois plus tôt que le 23 juin, c’est-à-dire, longtemps avant que le tiers état se fût déclaré assemblée nationale, avant le serment du Jeu de paume, enfin avant que les députés eussent pris aucune mesure hostile. Les concessions du roi avoient alors plus de dignité. La déclaration, telle que l’avoit rédigée M. Necker, était, presque mot pour mot, semblable à celle qui fut donnée par Louis XVIII, à Saint-Ouen, le 2 mai