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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

étoient réunis. Ce parti, qui avoit protesté contre toutes les résolutions de l’assemblée, n’y assistoit que par prudence ; tout ce qu’on y faisoit lui paraissoit insolent, mais très-peu sérieux, tant il trouvoit ridicule cette découverte du dix-huitième siècle, une nation, tandis qu’on n’avoit eu jusqu’alors que des nobles, des prêtres et du peuple ! Quand les députés du côté droit sortoient de l’ironie, c’étoit pour traiter d’impiété tout changement apporté aux institutions anciennes ; comme si l’ordre social devoit être seul condamné dans la nature à la double infirmité de l’enfance et de la vieillesse, et passer d’un commencement informe à une vétusté débile, sans que les lumières acquises par le temps pussent jamais lui donner une véritable force. Les privilégiés se servoient de la religion comme d’une sauvegarde pour les intérêts de leur caste ; et c’est en confondant ainsi les priviléges et les dogmes, qu’ils ont beaucoup diminué l’empire du véritable christianisme en France.

La noblesse avoit pour orateur, ainsi que je l’ai déjà dit, M. de Casalès, anobli depuis vingt-cinq ans ; car la plupart des hommes de talent, parmi les anciens gentilshommes, avoient adopté le parti populaire. L’abbé Maury, l’orateur du cler-