Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/321

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de la grâce, des manières nobles et de l’esprit en société ; mais ses succès dans le monde ne développèrent en lui qu’une grande légèreté de principes, et quand les tourmentes révolutionnaires l’ont agité, il s’est trouvé sans frein comme sans force. Mirabeau sonda sa valeur morale dans quelques entretiens, et se convainquit, après l’avoir examiné, qu’aucune entreprise politique ne pouvoit être fondée sur un tel caractère.

Le duc d’Orléans vota toujours avec le parti populaire de l’assemblée constituante, peut-être par l’espoir très-vague de gagner le premier lot ; mais cet espoir n’a jamais pris de consistance dans aucune tête. Il a, dit-on, soudoyé la populace. Mais, que cela soit ou non, il faut n’avoir aucune idée de la révolution pour imaginer que cet argent, s’il a été donné, ait exercé la moindre influence. Un peuple entier n’est pas mis en mouvement par des moyens de ce genre. La grande erreur des gens de la cour a toujours été de chercher dans quelques faits de détail la cause des sentimens exprimés par la nation entière.