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CONSIDÉRATIONS

élémens l’humiliation du souverain ou celle du peuple, doit être nécessairement renversée par l’un ou par l’autre.

Le même empire des circonstances qui, en France, décide de tant de choses, empêcha de proposer une chambre des pairs. M. de Lally, qui la voulait, essaya d’y suppléer en demandant au moins un sénat à vie ; mais le parti populaire étoit irrité contre les privilégiés, qui se séparoient constamment de la nation, et ce parti rejeta l’institution durable par des préventions momentanées. Cette faute étoit bien grande, non-seulement parce qu’il falloit une chambre haute, comme intermédiaire entre le souverain et les députés de la nation, mais parce qu’il n’existoit pas une autre manière de faire tomber dans l’oubli la noblesse du second ordre, si nombreuse en France ; noblesse que l’histoire ne consacre point, qu’aucun genre d’utilité publique ne recommande, et dans laquelle se manifeste, bien plus encore que dans le premier rang, le mépris du tiers état, parce que sa vanité lui fait toujours craindre de ne pas pouvoir assez s’en distinguer.

Le côté droit de l’assemblée constituante, c’est-à-dire, les aristocrates, pouvoient faire