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CONSIDÉRATIONS

soit devoir être rejeté ; de n’accepter que ce qu’il approuvait, et de motiver ses résolutions par des considérans qui pussent graduellement influer sur l’opinion publique. Déjà ce système avoit produit quelque bien, et peut-être, s’il eût été constamment suivi, aurait-il encore évité beaucoup de malheurs. Mais il étoit si naturel que le roi fut irrité de sa situation, qu’il prétoit l’oreille avec trop de complaisance à tous les projets qui satisfaisoient ses désirs, en lui offrant de prétendus moyens pour une contre-révolution. Il est bien difficile à un roi, héritier d’un pouvoir qui, depuis Henri IV, n’avoit pas été contesté, de se croire sans force au milieu de son royaume ; et le dévouement de ceux qui l’entourent doit exciter aisément ses espérances et ses illusions. La reine étoit encore plus susceptible de cette confiance ; et l’enthousiasme de ses gardes du corps et des autres personnes de sa cour lui parut suflisant pour faire reculer le flot populaire, qui s’avançoit toujours plus à mesure qu’on lui opposoit d’impuissantes digues.

Marie-Antoinette se présenta donc, comme Marie-Thérèse, aux gardes du corps à Versailles, pour leur recommander son auguste époux et ses enfants. Ils répondirent par des ac-