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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE XIX.

De l’état des affaires et des partis politiques dans l’hiver de
1790 à 1791.

DANS toutes les provinces de France il éclatoit des troubles causés par le changement total des institutions, et par la lutte entre les partisans de l’ancien et du nouveau régimes.

Le pouvoir exécutif faisoit le mort, selon l’expression d’un député du côté gauche de l’assemblée, parce qu’il espéroit, mais à tort, que le bien pourroit naître de l’excès même du mal. Les ministres se plaignoient sans cesse des désordres et, quoiqu’ils eussent peu de moyens pour s’y opposer, encore ne les employoient-ils pas, se flattant que le malheureux état des choses obligeroit l’assemblée à rendre plus de force au gouvernement. L’assemblée qui s’apercevoit de ce système, s’emparoît de toutes les affaires administratives, au lieu de s’en tenir à faire des lois. Après la retraite de M. Necker, elle demanda le renvoi des ministres ; et, dans ses décrets constitutionnels, ne songeant qu’à la circonstance, elle ôtoit succes-