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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

nion appliquée aux affaires de finance, devenoient chaque jour plus essentiels. Les capitalistes ont plus d’influence à cet égard que les grands propriétaires eux-mêmes ; et les capitalistes vivent à Paris, et discutent toujours librement les intérêts publics qui touchent à leurs calculs personnels.

Le caractère débile de Louis XV, et les erreurs de tout genre que ce caractère lui fit commettre, fortifièrent nécessairement l’esprit de résistance. On voyoit d’une part lord Chatham, à la tête de l’Angleterre, environné de tous les grands orateurs du parlement, qui reconnoissoient volontiers sa prééminence ; et dans le même temps, les maîtresses les plus subalternes du roi de France faisant nommer et renvoyer ses ministres. L’esprit public gouvernoit l’Angleterre ; les hasards et les intrigues les plus imprévues et les plus misérables disposoient du sort de la France. Cependant Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Buffon, des penseurs profonds, des écrivains supérieurs, faisoient partie de cette nation ainsi gouvernée ; et comment les François n’auroient-ils pas envié l’Angleterre, puisqu’ils pouvoient se dire avec raison que c’étoit à ses institutions politiques surtout qu’elle devoit ses avantages ? Car les