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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

viléges en matière d’impôts. Les procès-verbaux de leurs séances devoient être imprimés, afin d’encourager leurs travaux par l’estime publique.

Les grands seigneurs françois n’étoient pas assez instruits, parce qu’ils ne gagnoient rien à l’être. La grâce en conversation, qui conduisait à plaire à la cour, étoit la voie la plus sûre pour arriver aux honneurs. Cette éducation superficielle a été l’une des causes de la ruine des nobles : ils ne pouvoient plus lutter contre les lumières du tiers-état ; ils auroient dû tâcher de les surpasser. Les assemblées provinciales auroient, par degrés, amené les grands seigneurs à primer par leur savoir en administration, comme jadis ils l’emportoient par leur épée ; et l’esprit public en France auroit précédé l’établissement des institutions libres.

Les assemblées provinciales n’auroient point empêché qu’un jour on ne demandât la convocation des états généraux ; mais du moins, quand l’époque inévitable d’un gouvernement représentatif seroit arrivée, la première classe et la seconde, s’étant occupées ensemble depuis long-temps de l’administration de leur pays, ne se seroient point présentées aux états