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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

jamais eu la moindre discussion avec les parlemens. Cela n’est pas étonnant, dira-t-on, puisque le roi, pendant ce temps, n’exigea point de nouveaux impôts, et s’abstint de tout acte arbitraire. Mais c’est en cela que le ministre se conduisit avec prudence ; car un roi, dans le pays même où des lois constitutionnelles ne servent point de bornes à son pouvoir, auroit tort d’essayer jusqu’à quel point le peuple supporteroit ses fautes. Personne ne doit faire tout ce qu’il peut, surtout sur un terrain aussi chancelant que celui de l’autorité arbitraire, dans un pays éclairé.

M. Necker, dans son premier ministère, étoit encore plus ami de la probité publique, si l’on peut s’exprimer ainsi, que de la liberté ; parce que la nature du gouvernement qu’il servoit permettoit l’une plus que l’autre ; mais il souhaitoit tout ce qui pouvoit donner quelque stabilité au bien, indépendamment du caractère personnel des rois, et de celui de leurs ministres, plus incertain encore. Les deux administrations provinciales qu’il établit, dans le Berry et le Rouergue, réussirent admirablement Plusieurs autres étoient préparées, et le mouvement nécessaire aux esprits, dans un grand empire, se tournoit vers ces améliora-