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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

lui faut le prestige de la gloire pour faire disparoître le contraste entre la pompe royale et son état précédent de simple particulier. Or, la gloire propre à inspirer le respect que les hommes accordent volontairement à une ancienne prééminence, ne sauroit être acquise que par des exploits militaires ; et l’on sait quel caractère les grands capitaines, les conquérans portent presque toujours dans les affaires civiles.

D’ailleurs, l’hérédité dans les monarchies est indispensable au repos, je dirai même à la morale et aux progrès de l’esprit humain. La royauté élective ouvre un vaste champ à l’ambition : les factions qui en résultent infailliblement finissent par corrompre les cœurs, et détournent la pensée de toute occupation qui n’a pas l’intérêt du lendemain pour objet. Mais les prérogatives accordées à la naissance, soit pour fonder la noblesse, soit pour fixer la succession au trône dans une seule famille, ont besoin d’être confirmées par le temps ; elles diffèrent à cet égard des droits naturels, indépendans de toute sanction conventionnelle. Le principe de l’hérédité est donc mieux établi dans les anciennes dynasties. Mais, afin que ce principe ne devienne pas contraire à la raison, et au bien général, en faveur duquel il a été admis,