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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE VI.

De l’aspect de la France et de Paris, pendant la première
occupation
.

ON auroit grand tort de s’étonner de la douleur que les François ont éprouvée, en voyant leur célèbre capitale envahie en 1814 par les armées étrangères. Les souverains qui s’en étoient rendus les maîtres se conduisirent alors avec l’équité la plus parfaite ; mais c’est un cruel malheur pour une nation que d’avoir même à se louer des étrangers, puisque c’est une preuve que son sort dépend d’eux. Les armées françoises, il est vrai, étoient entrées plusieurs fois dans presque toutes les capitales de l’Europe, mais aucune de ces villes n’avoit une aussi grande importance pour le pays dont elle faisoit partie, que Paris pour la France. Les monumens des beaux-arts, les souvenirs des hommes de génie, l’éclat de la société, tout contribuoit à faire de Paris le foyer de la civilisation continentale. Pour la première fois, depuis que Paris occupoit un tel rang dans le monde, les drapeaux de l’étranger flottoient