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CORINNE OU L’ITALIE

Bord du fleuve qui est au pied de cette colline. C’est là que se promenaient les orateurs de Rome en sortant du Forum ; c’est là que César et Pompée se rencontraient comme de simples citoyens, et qu’ils cherchaient à captiver Cicéron, dont l’indépendante éloquence leur importait plus alors que la puissance même de leurs armées.

La poésie vient encore embellir ce séjour. Virgile a placé sur le mont Aventin la caverne de Cacus ; et les Romains, si grands par leur histoire, le sont encore par les fictions héroïques dont les poëtes ont orné leur origine fabuleuse. Enfin, en revenant du mont Aventin, on aperçoit la maison de Nicolas Rienzi, qui essaya vainement de faire revivre les temps anciens dans les temps modernes ; et ce souvenir, tout faible qu’il est à côté des autres, fait encore penser long-temps. Le mont Cœlius est remarquable parce qu’on y voit les débris du camp des prétoriens et de celui des soldats étrangers. On a trouvé cette inscription dans les ruines de l’édifice construit pour recevoir ces soldats : Au génie saint des camps étrangers. Saint, en effet, pour ceux dont il maintenait la puissance ! Ce qui reste de ces antiques casernes fait juger qu’elles étaient bâties à la manière des