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CORINNE OU L’ITALIE

vif qui la rendait plus séduisante que jamais. Oswald en fut troublé ; il combattait contre lui-même ; il s’indignait d’être captivé par des charmes dont il devait se plaindre, puisque, loin de songer à lui plaire, c’était presque pour échapper à son empire que Corinne se montrait si ravissante. Mais qui peut résister aux séductions de la grâce ? Fût-elle même dédaigneuse, elle serait encore toute puissante ; et ce n’était assurément pas la disposition de Corinne. Elle aperçut lord Nelvil, rougit, et ses yeux avaient, en le regardant, une douceur enchanteresse.

Le prince d’Amalfi s’accompagnait, en dansant, avec des castagnettes. Corinne, avant de commencer, fit avec les deux mains un salut plein de grâce à l’assemblée, et, tournant légèrement sur elle-même, elle prit le tambour de basque que le prince d’Amalfi lui présentait. Elle se mit à danser, en frappant l’air de ce tambour de basque, et tous ses mouvemens avaient une souplesse, une grâce, un mélange de pudeur et de volupté qui pouvait donner l’idée de la puissance que les Bayadères exercent sur l’imagination des Indiens, quand elles sont pour ainsi dire poëtes avec leur danse, quand elles expriment tant de sentimens divers par les pas caractérisés et les tableaux enchan-