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CORINNE OU L’ITALIE

endormies qui sont placées sur les tombeaux, et montrent l’art de la sculpture sous le point de vue le plus agréable. Elle lui fit remarquer que toutes les fois que les statues sont censées représenter une action, le mouvement qui s’arrête produit une sorte d’étonnement quelquefois pénible. Mais les statues dans le sommeil, ou seulement dans l’attitude d’un repos complet, offrent une image de l’éternelle tranquillité, qui s’accorde merveilleusement avec l’effet général du midi sur l’homme. Il semble que là les beaux-arts sont les paisibles spectateurs de la nature, et que le génie lui-même qui agite l’ame dans le nord n’est, sous un beau ciel, qu’une harmonie de plus.

Oswald et Corinne passèrent dans la salle où sont rassemblées les images sculptées des animaux et des reptiles ; et la statue de Tibère se trouve par hasard au milieu de cette cour. C’est sans projet qu’une telle réunion s’est faite. Ces marbres se sont d’eux-mêmes rangés autour de leur maître. Une autre salle renferme les monumens tristes et sévères des Égyptiens, de ce peuple chez lequel les statues ressemblent plus aux momies qu’aux hommes, et qui par ses institutions silencieuses, roides et serviles, semble avoir, autant qu’il le pouvait, assimilé la vie à la mort.