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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE II


OSWALD, depuis son malheur, ne s’était pas encore senti le courage d’écouter la musique. Il redoutait ces accords ravissans qui plaisent à la mélancolie, mais font un véritable mal, quand des chagrins réels nous oppressent. La musique réveille les souvenirs que l’on s’efforçait d’apaiser. Lorsque Corinne chantait, Oswald écoutait les paroles qu’elle prononçait ; il contemplait l’expression de son visage : c’était d’elle uniquement qu’il était occupé ; mais si dans les rues, le soir, plusieurs voix se réunissaient, comme cela arrive souvent en Italie pour chanter les beaux airs des grands maîtres, il essayait d’abord de rester pour les entendre, puis il s’éloignait, parce qu’une émotion si vive et si vague en même temps renouvelait toutes ses peines. Cependant on devait donner à Rome, dans la salle du spectacle, un superbe concert, où les premiers chanteurs étaient réunis ; Co-