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CORINNE OU L’ITALIE

Les voix, parfaitement exercées à ce chant antique et pur, partent d’une tribune au commencement de la voûte ; on ne voit point ceux qui chantent ; la musique semble planer dans les airs ; à chaque instant la chute du jour rend la chapelle plus sombre : ce n’était plus cette musique voluptueuse et passionnée qu’Oswald et Corinne avaient entendue huit jours auparavant ; c’était une musique toute religieuse qui conseillait le renoncement à la terre. Corinne se jeta à genoux devant la grille et resta plongée dans la plus profonde méditation ; Oswald lui-même disparut à ses yeux. Il lui semblait que c’était dans un tel moment d’exaltation qu’on aimerait à mourir, si la séparation de l’ame avec le corps ne s’accomplissait point par la douleur ; si tout à coup un ange venait enlever sur ses ailes le sentiment et la pensée, étincelles divines qui retourneraient vers leur source : la mort ne serait pour ainsi dire alors qu’un acte spontané du cœur, qu’une prière plus ardente et mieux exaucée.

Le miserere, c’est-à-dire ayez pitié de nous, est un psaume composé de versets qui se chantent alternativement d’une manière très-différente. Tour à tour une musique céleste se fait entendre, et le verset suivant, dit en réci-