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CORINNE OU L’ITALIE.

quer par aucun des charmes que l’on recherche ailleurs.

— Je vous fais passer, dit Corinne à ceux qui l’accompagnaient, sur les bords du lac d’Averne, près du Phlégéton, et voilà devant vous le temple de la Sibylle de Cumes. Nous traversons les lieux célébrés sous le nom des délices de Bayes ; mais je vous propose de ne pas vous y arrêter dans ce moment. Nous recueillerons les souvenirs de l’histoire et de la poésie qui nous entourent ici quand nous serons arrivés dans un lieu d’où nous pourrons les apercevoir tous à la fois. —

C’était sur le cap Misène que Corinne avait fait préparer les danses et la musique. Rien n’était plus pittoresque que l’arrangement de cette fête. Tous les matelots de Bayes étaient vêtus avec des couleurs vives et bien contrastées ; quelques orientaux qui venaient d’un bâtiment levantin alors dans le port, dansaient avec des paysannes des îles voisines d’Ischia et de Procida, dont l’habillement a conservé de la ressemblance avec le costume grec ; des voix parfaitement justes se faisaient entendre dans l’éloignement, et les instrumens se répondaient derrière les rochers, d’échos en échos, comme si les sons allaient se perdre dans la mer. L’air qu’on respirait était