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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE IV.


CEPENDANT Corinne souhaitait qu’Oswald l’entendît encore une fois, comme au jour du Capitole, avec tout le talent qu’elle avait reçu du ciel ; si ce talent devait être perdu pour jamais, elle voulait que ses derniers rayons, avant de s’éteindre, brillassent pour celui qu’elle aimait. Ce désir lui fit trouver dans l’agitation même de son ame l’inspiration dont elle avait besoin. Sa lyre était préparée, et tous ses amis impatiens de l’entendre. Le peuple même qui la connaissait de réputation, ce peuple qui dans le midi est par l’imagination bon juge de la poésie, entourait en silence l’enceinte où les amis de Corinne étaient placés, et tous ces visages napolitains exprimaient par leur vive physionomie l’attention la plus animée. La lune se levait à l’horizon ; mais les derniers rayons du jour rendaient encore sa lumière très-pâle. Du haut de la petite colline qui s’avance dans la mer et forme le cap Misène on découvrait parfaitement le