LE temps commençait à changer lorsqu’ils
arrivèrent à Naples ; le ciel s’obscurcissait, et
l’orage, qui s’annonçait dans l’air, agitait déjà
fortement les vagues, comme si la tempête de
la mer répondait du sein des flots à la tempête
du ciel. Oswald avait devancé Corinne de quelques
pas, parce qu’il voulait faire apporter des
flambeaux pour la conduire plus sûrement jusqu’à
sa demeure. En passant sur le quai, il vit
des Lazzaroni rassemblés qui criaient assez
haut : Ah ! le pauvre homme, il ne peut pas
s’en tirer ; il faut avoir patience, il périra. —
Que dites-vous, s’écria lord Nelvil avec impétuosité,
de qui parlez-vous ? — D’un pauvre vieillard,
répondirent-ils, qui se baignait là-bas, non loin
du môle, mais qui a été pris par l’orage, et n’a
pas assez de force pour lutter contre les vagues
et regagner le bord. Le premier mouvement
d’Oswald était de se jeter à l’eau, mais réfléchissant
à la frayeur qu’il causerait à Corinne,