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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE VI.


LE temps commençait à changer lorsqu’ils arrivèrent à Naples ; le ciel s’obscurcissait, et l’orage, qui s’annonçait dans l’air, agitait déjà fortement les vagues, comme si la tempête de la mer répondait du sein des flots à la tempête du ciel. Oswald avait devancé Corinne de quelques pas, parce qu’il voulait faire apporter des flambeaux pour la conduire plus sûrement jusqu’à sa demeure. En passant sur le quai, il vit des Lazzaroni rassemblés qui criaient assez haut : Ah ! le pauvre homme, il ne peut pas s’en tirer ; il faut avoir patience, il périra. — Que dites-vous, s’écria lord Nelvil avec impétuosité, de qui parlez-vous ? — D’un pauvre vieillard, répondirent-ils, qui se baignait là-bas, non loin du môle, mais qui a été pris par l’orage, et n’a pas assez de force pour lutter contre les vagues et regagner le bord. Le premier mouvement d’Oswald était de se jeter à l’eau, mais réfléchissant à la frayeur qu’il causerait à Corinne,