Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/203

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
CORINNE OU L’ITALIE.

et monotone de quelques pseaumes : c’est une musique sans modulation, où l’accent de l’ame humaine ne se fait déjà plus sentir.

Un soir que lord Nelvil et Corinne étaient seuls ensemble, et que lord Nelvil souffrait beaucoup du sentiment douloureux et contraint qu’il apercevait dans Corinne, il entendit sous ses fenêtres ces sons lents et prolongés qui annonçaient une cérémonie funèbre ; il l’écouta, quelque temps en silence, puis dit à Corinne : — Peut-être demain serai-je atteint aussi par cette maladie contre laquelle il n’y a point de défense, et vous regretterez de n’avoir pas dit quelque paroles sensibles à votre ami, un jour qui pouvait être le dernier de sa vie. Corinne, la mort nous menace de près tous les deux ; n’est-ce donc pas assez des maux de la nature, faut-il encore nous déchirer le cœur mutuellement ? — À l’instant, Corinne fut frappée par l’idée du danger que courait Oswald, au milieu de la contagion, et elle le supplia de quitter Rome. Il s’y refusa de la manière la plus absolue ; alors elle lui proposa d’aller ensemble à Venise ; il y consentit avec bonheur ; car c’était pour Corinne qu’il tremblait, en voyant la contagion prendre chaque jour de nouvelles forces.

Leur départ fut fixé au surlendemain ; mais