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CORINNE OU L’ITALIE.

extraordinaire qui venait de son agitation, il arrive à la maison de Corinne ; toutes les portes en étaient ouvertes ; il entre, parcourt quelques chambres sans trouver personne, pénètre enfin jusques à celle de Corinne ; à travers l’obscurité qui y régnait, il la voit étendue sur son lit, et Thérésine seulement à côté d’elle : il jette un cri en la reconnaissant ; ce cri rappelle Corinne à elle-même ; elle l’aperçoit, et, se soulevant elle lui dit : — N’approchez pas ; je vous le défends ; je meurs, si vous approchez de moi ! — Une terreur sombre saisit Oswald ; il pensa que son amie l’accusait de quelque crime caché qu’elle croyait avoir tout à coup découvert ; il s’imagina qu’il en était haï, méprisé, et, tombant à genoux, il exprima cette crainte avec un désespoir et un abattement qui suggérèrent tout à coup à Corinne l’idée de profiter de son erreur, et elle lui commanda de s’éloigner d’elle pour jamais, comme s’il eût été coupable.

Interdit, offensé, il allait sortir, il allait la quitter, lorsque Thérésine s’écria : — Ah ! mylord, abandonnerez-ous donc ma bonne maîtresse ? elle a écarté tout le monde, et ne voulait pas même de mes soins, parce qu’elle a la maladie contagieuse ! — À ces mots, qui éclairèrent à l’instant Oswald sur la touchante