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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE VI.


ILS suivirent pendant deux jours les rivages de la mer Adriatique ; mais cette mer ne produit point, du côte de la Romagne, l’effet de l’Océan ni même de la Méditerranée, le chemin borde ses flots, et il y a du gazon sur ses rives : ce n’est pas ainsi qu’on se représente le redoutable empire des tempêtes. À Rimini et à Césène on quitte la terre classique des événemens de l’histoire romaine ; et le dernier souvenir qui s’offre à la pensée, c’est le Rubicon traversé par César, lorsqu’il résolut de se rendre maître de Rome. Par un rapprochement singulier, non loin de ce Rubicon on voit aujourd’hui la république de Saint-Marin, comme si ce dernier faible vestige de la liberté devait subsister à côté des lieux où la république du monde a été détruite. Depuis Ancone, on s’avance par degrés vers une contrée qui présente un aspect tout différent de celui de l’Etat ecclésiastique. Le Bolonais, la Lombardie, les environs de Ferrare et