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CORINNE OU L’ITALIE.

moins de l’italien classique ; mais, parmi les différens langages des divers états de l’Italie, il n’y a pourtant que le napolitain, le sicilien et le vénitien qui aient l’honneur d’être comptés ; et c’est le vénitien qui passe pour le plus original et le plus gracieux de tous. Corinne le prononçait avec une douceur charmante, et la manière dont elle chantait quelque barcaroles, dans le genre gai, prouvait qu’elle devait jouer la comédie, aussi bien que la tragédie. On la tourmenta beaucoup pour prendre un rôle dans un opéra comique qu’on devait représenter en société la semaine suivante. Corinne, depuis qu’elle aimait Oswald, n’avait jamais voulu lui faire connaître son talent en ce genre ; elle ne s’était pas sentie assez de liberté d’esprit pour cet amusement, et quelquefois même elle s’était dit qu’un tel abandon de gaieté pouvait porter malheur ; mais cette fois, par une singulière confiance, elle y consentit. Oswald l’en pressa vivement, et il fut convenu qu’elle jouerait la Fille de l’air, c’est ainsi que s’appelait la pièce que l’on choisit.

Cette pièce, comme la plupart de celles de Gozzi, était composée de féeries extravagantes, très-originales et très-gaies[1]. Truffaldin et Pantalon paraissent souvent, dans ces drames bur-

  1. Parmi les auteurs comiques italiens qui peignent les mœurs, il faut compter le chevalier de Rossi, Romain qui a singulièrement, dans ses pièces, l’esprit observateur et satirique.