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CORINNE OU L’ITALIE.

duite ; mais qu’il avait ajouté que son sentiment se refroidissait par les sacrifices mêmes que cette douleur obtenait de lui. Toute la fermeté, toute la fierté de Corinne se réveillèrent à cette idée, et après quelques instans de silence, elle répondit : — Il faut que vous ayez revu vos amis et votre patrie avant, de prendre la résolution de m’épouser. Je la devrais dans ce moment mylord, à l’émotion du départ, je n’en veux pas ainsi. — Oswald n’insista plus : au moins, dit-il, en saisissant la main de Corinne, je le jure de nouveau, ma foi est attachée à cet anneau que je vous ai donné. Tant que vous le conserverez, jamais une autre n’aura des droits sur mon sort ; si vous le dédaignez une fois, si vous me le renvoyez… — Cessez, cessez, interrompit Corinne, d’exprimer une inquiétude que vous ne pouvez éprouver. Ah ! ce n’est pas moi qui romprai la première l’union sacrée de nos cœurs, vous le savez bien que ce n’est pas moi, et je rougirais presque d’assurer ce qui n’est que trop certain. —

Cependant l’heure avançait : Corinne palissait a chaque bruit, et lord Nelvil restait plongé dans une douleur profonde, et n’avait plus la force de prononcer un seul mot. Enfin la lumière fatale parut dans l’éloignement à travers sa fenêtre, et bientôt après la barque noire