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CORINNE OU L’ITALIE.

la fît lire à votre retour ; il ne me convenait pas de m’en charger. —

Oswald se tut quelques instans, puis il reprit : — Ce que je vous demande, madame, c’est ce qui est juste, c’est ce que vous vous devez à vous-même : détruisez les bruits que vous avez accrédités sur la mort de votre belle-fille, et reconnaissez-la honorablement pour ce qu’elle est, pour la fille de lord Edgermond. — Je ne veux contribuer en aucune manière, répondit lady Edgermond, au malheur de votre vie ; et si l’existence actuelle de Corinne, cette existence sans nom et sans appui peut être cause que vous ne l’épousiez point, Dieu et votre père me préservent d’éloigner cet obstacle ! — Madame, répondit lord Nelvil, le malheur de Corinne serait un lien de plus entre elle et moi. — Hé bien ! reprit lady Edgermond avec une vivacité à laquelle elle ne s’était jamais livrée, et qui venait sans doute du regret qu’elle éprouvait en perdant pour sa fille un époux qui lui convenait à tant d’égards, hé bien, continua-t-elle, rendez-vous donc malheureux tous les deux ; car elle aussi le sera : ce pays lui est odieux ; elle ne peut se plier à nos mœurs, à notre vie sévère. Il lui faut un théâtre où elle puisse montrer tous ces talens que vous prisez tant, et