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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE VII.


APRÈS avoir quitte la maison de lady Edgermond, Oswald se rendit en Écosse. Le trouble que lui avait laissé la présence de Lucile, le sentiment qu’il conservait pour Corinne, tout fit place à l’émotion qu’il ressentit à l’aspect des lieux où il avait passé sa vie avec son père : il se reprochait les distractions auxquelles il s’était livré depuis une année ; il craignait de n’être plus digne d’entrer dans la demeure qu’il eût voulu n’avoir jamais quittée. Hélas ! après la perte de ce qu’on aimait le plus au monde comment être content de soi-même, si l’on n’est pas resté dans la plus profonde retraite ! Il suffit de vivre dans la société pour négliger de quelque manière le culte de ceux qui ne sont plus. C’est en. vain que leur souvenir habite au fond du cœur. On se prête à cette activité des vivans, qui écarte l’idée de la mort, ou comme pénible, ou comme inutile, ou seulement même comme fatigante. Enfin, si la solitude ne prolonge pas