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CORINNE OU L’ITALIE.

lady Edgermond, et voyait à sa porte la voiture d’Oswald. Un inexprimable serrement de cœur l’oppressait ; et retournant chez elle, elle recommençait le lendemain la même course pour éprouver la même douleur. Corinne avait tort cependant, quand elle se persuadait qu’Oswald allait chez lady Edgermond dans l’intention d’épouser sa fille.

Le jour du spectacle, lady Edgermond lui avait dit, pendant qu’il la conduisait à sa voiture, que la succession du parent de lord Edgermond, qui était mort dans l’Inde, concernait Corinne autant que sa fille, et qu’elle le priait en conséquence de passer chez elle pour se charger de faire parvenir en Italie les divers arrangemens qu’elle voulait prendre à cet égard. Oswald promit d’y aller, et il lui sembla que, dans cet instant, la main de Lucile qu’il tenait avait tremblé. Le silence de Corinne pouvait lui faire croire qu’il n’était plus aimé, et l’émotion de cette jeune fille devait lui donner l’idée qu’il l’intéressait au fond du cœur. Cependant il n’avait pas l’idée de manquer à la promesse qu’il avait donnée à Corinne, et l’anneau qu’elle possédait était un gage assuré que jamais il n’en épouserait une autre sans son consentement. Il retourna chez lady Edgermond le lendemain