Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
CORINNE OU L’ITALIE.

de l’Italie, sont encore assez beaux. Le luxe des anciens avait presque toujours pour but un objet d’intérêt public. Leurs maisons particulières sont très-petites, et l’on n’y voit point la recherche de la magnificence, mais un goût vif pour les beaux-arts s’y fait remarquer. Presque tout l’intérieur était orné des peintures les plus agréables et de pavés de mosaïque artistement travaillés. Il y a beaucoup de ces pavés sur lesquels on trouve écrit : — salut (salve). — Ce mot est placé sur le seuil de la porte. Ce n’était pas sûrement une simple politesse que ce salut, mais une invocation à l’hospitalité. Les chambres sont singulièrement étroites, peu éclairées, n’ayant jamais de fenêtres sur la rue, et donnant presque toutes sur un portique qui est dans l’intérieur de la maison, ainsi que la cour de marbre qu’il entoure. Au milieu de cette cour est une citerne simplement décorée. Il est évident, par ce genre d’habitation, que les anciens vivaient presque toujours en plein air, et que c’était ainsi qu’ils recevaient leurs amis. Rien ne donne une idée plus douce et plus voluptueuse de l’existence, que ce climat qui unit intimement l’homme avec la nature. Il semble que le caractère des entretiens et de la société doit être différent avec de telles habi-