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CORINNE OU L’ITALIE.

nant de nouveau à sa mémoire, il se demanda si cette jeune fille n’était pas plus capable que Corinne d’un sentiment fidèle.

Oswald cherchait à réparer la peine qu’il venait de causer à Lucile. On a tant de plaisir à ramener la joie sur un visage encore enfant ! Le chagrin n’est pas fait pour ces physionomies où la réflexion même n’a point encore laissé de traces. Le régiment de lord Nelvil devait être passé en revue le lendemain matin à Hydepark ; il demanda donc à lady Edgermond si elle voulait y aller en calèche avec sa fille, et si elle lui permettrait, après la revue, de faire une promenade à cheval avec Lucile, à côté de sa voiture. Lucile avait dit une fois qu’elle avait grande envie de monter à cheval. Elle regarda sa mère avec une expression toujours soumise, mais où l’on pouvait remarquer cependant le désir d’obtenir un consentement. Lady Edgermond se recueillit quelques instans ; puis tendant à lord Nelvil sa faible main qui dépérissait chaque jour davantage, elle lui dit : — Si vous le demandez, mylord, j’y consens. — Ces mots firent tant d’impression sur Oswald, qu’il allait renoncer lui-même à ce qu’il avait proposé : mais tout à coup Lucile, avec une vivacité qu’elle n’avait pas encore montrée, prit la main de sa mère, et la