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CORINNE OU L’ITALIE.

revêtit d’une robe noire a la vénitienne, couvrit son visage et sa taille avec la manie qu’on porte dans ce pays, et se jeta ainsi dans le fond d’une voiture.

À peine fut-elle dans Hydepark, qu’elle vit paraître Oswald à la tête de son régiment. Il avait dans son uniforme la plus belle et la plus imposante figure du monde, il conduisait son cheval avec une grâce et une dextérité parfaites. La musique qu’on entendait avait quelque chose de fier et de doux tout à la fois, qui conseillait noblement le sacrifice de la vie. Une multitude d’hommes élégamment et simplement vêtus, des femmes belles et modestes portaient sur leur visage, les uns l’empreinte des vertus mâles, les autres des vertus timides. Les soldats du régiment d’Oswald semblaient le regarder avec confiance et dévouement. On joua le fameux air, Dieu sauve le roi, qui touche si profondément tous les cœurs en Angleterre. Et Corinne s’écria : — Oh ! respectable pays qui deviez être ma patrie, pourquoi vous ai-je quitté ? Qu’importait plus ou moins de gloire personnelle, au milieu de tant de vertus ; et quelle gloire valait celle, ô Nelvil, d’être ta digne épouse ! —

Les instrumens militaires qui se firent en-