Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome II, 1807.djvu/385

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villes qui portent l’empreinte du génie républicain du moyen âge. À Sienne, la place publique où le peuple se rassemblait, le balcon d’où son magistrat le haranguait, frappent les voyageurs les moins capables de réflexion ; on sent qu’il a existé là un gouvernement démocratique.

C’est une jouissance véritable que d’entendre les Toscans, de la classe même la plus inférieure ; leurs expressions, pleines d’imagination et d’élégance, donnent l’idée du plaisir qu’on devait goûter dans la ville d’Athènes, quand le peuple parlait ce grec harmonieux qui était comme une musique continuelle. C’est une sensation très-singulière de se croire au milieu d’une nation dont tous les individus seraient également cultivés, et paraîtraient tous de la classe supérieure ; c’est du moins l’illusion que fait, pour quelques momens, la pureté du langage.

L’aspect de Florence rappelle son histoire avant l’élévation des Médicis à la souveraineté ; les palais des familles principales sont bâtis comme des espèces de forteresse d’où l’on pouvait se défendre ; on voit encore à l’extérieur les anneaux de fer auxquels les étendards de chaque parti devaient être attachés ; enfin tout y était arrangé bien plus pour maintenir les forces individuelles que pour les réunir toutes dans l'in-