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CORINNE OU L’ITALIE.


CHAPITRE V.


CORINNE, se croyant atteinte d’une maladie mortelle, souhaitait de laisser à l’Italie, et surtout à lord Nelvil, un dernier adieu qui rappelât le temps où son génie brillait dans tout son éclat. C’est une faiblesse qu’il faut lui pardonner. L’amour et la gloire s’étaient toujours confondus dans son esprit, et jusqu’au moment où son cœur fit le sacrifice de tous les attachemens de la terre, elle désira que l’ingrat qui l’avait abandonnée sentît encore une fois que c’était à la femme de son temps qui savait le mieux aimer et penser qu’il avait donné la mort. Corinne n’avait plus, la force d’improviser ; mais elle composa des vers, et choisit un jour pour réunir dans une des salles de l’académie de Florence tous ceux qui désiraient de les entendre ; elle confia son dessein à Lucile, et la pria d’amener son époux. — Je puis vous le demander, lui dit-elle, dans l’état où je suis. — Un trouble affreux saisit Oswald en appre-