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DIXME ROYALE
tions, qui m’ont fait entreprendre cet Ouvrage. Je ne suis ni lettré, ni homme de finances ; & j’aurois mauvaiſe grace de chercher de la gloire & des avantages, par des choses qui ne sont pas de ma profeſſion. Mais je suis François trés-affectionné à ma patrie, et trés-reconnoiſſant des graces & des bontez, avec leſquelles il a plû au Roy de me distinguer depuis si long-temps. Reconnoiſſance d’autant mieux fondée, que c’eſt à luy, aprés Dieu, à qui je dois tout l’honneur que je me ſuis acquis par les Emplois dont il luy a plû m’honorer, & par les bienfaits que j’ay tant de fois reçûs de ſa liberalité. C’est donc cet esprit de devoir et de reconnoiſſance qui m’anime, & me donne une attention trés-vive pour tout ce qui peut avoir rapport à luy & au bien de ſon État. Et comme il y a déja long-temps que je suis en droit de reſſentir cette obligation, je puis dire qu’elle m’a donné lieu de faire une infinité d’obſervations ſur tout ce qui pouvoit contribuer à la ſûreté de ſon Royaume, à l’augmentation de ſa Gloire et de ſes Revenus, et au bonheur de ſes Peuples, qui luy doit être d’autant plus cher, que plus ils auront de Bien, moins il ſera en état d’en manquer.

Cette Préface & le gros de cet Ouvrage, ont été faits en l’année 1698, immediatemẽt aprés le Traité de Riſwick. La vie errante que je mene depuis quarante ans & plus, m’ayant donné occaſion de voir & visiter pluſieurs fois, & de pluſieurs façons, la plus grande partie des Provinces de ce Royaume, tantôt ſeul avec mes domestiques, & tantôt en com-