Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/64

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n' a son existence que dans l' idée de ceux qui en joüissent ; parce qu' il les tire de la vexation, qu' ils regardent comme necessairement attachée à l' imposition et à la levée des tailles.

Les habitans des paroisses de cette banlieuë ne comptent pour rien cette surcharge de droits, ni toutes les avanies qui leur sont faites par les commis des aydes, qui inventent tous les jours de nouveaux moyens de s' attirer des confiscations qu' il est presque impossible d' éviter. Cependant tant que ces habitans seront maîtres de fixer leur imposition par rapport à la bonne ou mauvaise chere qu' ils feront, et qu' ils ne payeront rien en ne bûvant que de l' eau, et ne mangeant que du pain si bon leur semble, ils seront contents de leur sort, et feront envie à leurs voisins.

On se plaint par tout et avec raison de la supercherie et de l' infidelité avec laquelle les commis des aydes font leurs exercices. On est forcé de leur ouvrir les portes autant de fois qu' ils le souhaitent ; et si un malheureux pour la subsistance de sa famille, d' un muid de cidre ou de poiré, en fait trois, en y ajoûtant les deux tiers d' eau, comme il se pratique trés-souvent, il est en risque non seulement de tout perdre, mais encore de payer une grosse amende, et il est bienheureux quand il en est quitte pour payer l' eau qu' il boit.

Tout cela néanmoins n' est compté pour rien, quand on considere que dans les paroisses taillables, ce n' est ni la bonne ou mauvaise chere, ni