Page:De Vauban - Projet de dixme royale, 1707.djvu/92

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et faire plusieurs autres ouvrages qui sont tous rudes et penibles. Ces gens peuvent bien trouver à s' employer de la sorte une partie de l' année, il est vray que pendant la fauchaison, la moisson et les vendanges, ils gagnent pour l' ordinaire d' assez bonnes journées ; mais il n' en est pas de même le reste de l' année. Et c' est encore ce qu' il faut examiner avec beaucoup de soin et de patience, afin de bien démêler les forts des foibles, et toûjours avec cet esprit de justice et de charité si necessaire en pareil cas, pour ne pas achever la ruine de tant de pauvres gens, qui en sont déja si prés, que la moindre surcharge au-delà de ce qu' ils peuvent porter, acheveroit de les accabler.

Or la dixme de ceux-cy ne sera pas plus difficile, à régler que celle du tisserand, pourvû qu' on s' en veüille bien donner la peine, en observant de ne les quotiser qu' au trentiéme, tant par les raisons déduites en parlant du tisserand qui conviennent à ceux-cy, qu' à cause du chommage frequent ausquels ces pauvres manoeuvriers sont sujets, et des grandes peines qu' ils ont à supporter. Car on doit prendre garde sur toutes choses à ménager le menu peuple, afin qu' il s' accroisse, et qu' il puisse trouver dans son travail de quoy soûtenir sa vie, et se vétir avec quelque commodité. Comme il est beaucoup diminué dans ces derniers temps par la guerre, les maladies, et par la misere des cheres années, qui en ont fait mourir de faim un grand