Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/104

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qui, à force d’être répétées, passent enfin pour des vérités établies. Voyez avec quelle confiance et quel sérieux on apprend à la France que ses institutions actuelles remontent à Charlemagne et à Mérovée ; que ses chambres ne sont autre chose que les assemblées du champ de mai, et ses codes une édition revue et corrigée des capitulaires. Chaque jour on tourmente le bon sens par de semblables inepties. Aux fictions politiques, assez graves déjà, on ajoute encore des fictions historiques, afin de compléter ce vaste système d’illusions. Il n’est point de peuple dont la raison pût résister long-temps à l’influence de tant de causes diverses qui tendent incessamment à la troubler et à la détruire. La même confusion d’idées règne en partie dans la jurisprudence, comme nous aurons occasion de le montrer ; et quant à l’administration, qu’est-elle, qu’un chaos de maximes et de règles empruntées à tous les régimes, modifiées selon les caprices du moment, appliquées selon les intérêts, violées selon les passions, et qui, sous quelque point de vue qu’on les considère, ne présentent rien de fixe que le despotisme, et d’immuable que l’oppression ?

Un matérialisme abject a tout envahi. Dans la société, on ne voit que de la terre, des bras et de l’argent ; dans la loi, que le rapport entre des boules