Page:De la Mennais - De la religion, 1826.djvu/113

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sacerdoce, il n’offre pas même les premiers éléments d’une société. L’absence de liens, d’autorité et d’obéissance, voilà ce qui le constitue fondamentalement. Il n’a d’organisation nécessaire, d’existence publique, que celle que l’état lui donne, et dès lors il vient de lui-même se ranger sous la main de l’administration. Cette dépendance civile a, il est vrai, sa source dans les mêmes maximes qui produisent une indépendance politique féconde en révolutions ; mais c’est le propre des gouvernements foibles, de bien plus redouter ce qui gêne le pouvoir que ce qui le tue.

Divine par son institution, indépendante par sa nature, l’église catholique subsiste par elle-même : avec sa hiérarchie, ses lois, sa souveraineté inaliénable, elle est la plus forte des sociétés ; sa durée seule le prouve. Des liens que l’homme n’a point formés, et qu’il ne peut rompre, unissent toutes les parties de ce grand corps. Que des individus, que des peuples même s’en séparent, il reste entier. Telle fut l’église aux premiers jours, telle encore elle est aujourd’hui ; elle ne change point, elle ne vieillit point ; il y a dix-huit siècles que l’éternité a commencé pour elle. Sa destinée n’est pas de posséder la terre et de la gouverner avec un de ces sceptres que le temps brise ; un plus haut empire lui est réservé ; elle a reçu la mission de conduire et les rois et les peuples dans les voies